Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Ciel Voilé

Géo-ingénierie de l'environnement : le rapport disparait du site de l'ANR

26 Août 2018, 09:47am

Publié par Ciel Voilé

Image utilisée lors de l'appel à projet en 2012

Image utilisée lors de l'appel à projet en 2012

L'Agence Nationale de la Recherche (ANR) reçoit d'importants financements publics pour des projets de recherche. En 2012 un appel à projet a été lancé sur «  La géo-ingénierie de l'environnement ». Des ateliers de recherches prospectives ont été organisés et financés en 2013 ( 50 000 à 200 000 € par atelier !) : http://www.arp-reagir.fr/environnement/

Sans rire, sur le site de l'ARP, une des utilités de la géo-ingénierie outre changer et contrôler le climat, serait de booster l'agriculture : en empoisonnant à grande échelle l'eau, les sols et l'air ?

Un compte-rendu de cette recherche devait être publié en avril 2014. Un lecteur a eu la bonté de nous faire parvenir ce pdf de 86 pages ( ci-dessus) qui n'est plus disponible sur le site de l'ANR , alors que payé par les contribuables français ! Contrairement à tous les beaux principes listés dans le rapport.

On en conclut que ces principes affichés ont été jetés aux orties, profits obligent.

 

Les cinq principes d'Oxford ( page 84-85 du rapport)

 

Le programme de recherche de l'Université d'Oxford sur la géo-ingénierie a proposé un jeu !!! de cinq principes pour guider !!! le développement de ces technologies :

 

Principe 1 : La géo-ingénierie doit être régulée comme un bien public.

Il ne s'agit pas d'interdire l'implication du secteur privé dans la provision des techniques de géoingénierie. Elle pourrait même être encouragée pour s'assurer qu'une technologie appropriée soit développée et déployée de façon efficace et à temps. Mais la régulation de telles techniques devrait être entreprise dans l'intérêt du public par les institutions appropriées au niveau national et/ou international.

Ce principe s'oppose par exemple aux expériences privées comme Planktos. Il questionne l'appropriation des technologies de manipulation du climat, qui a déjà commencée avec les prises de brevets (Bronson et al., 2010).

 

Principe 2 : Participation du public à la prise de décision sur la géo-ingénierie !!!

Autant que possible, les personnes chargées de la recherche en géo-ingénierie devraient être tenues d'informer, consulter et, idéalement, obtenir le consentement éclairé préalable de ceux qui sont touchés par les activités de recherche. L'identité des parties concernées dépendra de la technique étudiée.

Par exemple, une technique qui capte le dioxyde de carbone de l'air et le stocke sous le territoire d'un seul État exigera probablement consultation et accord au niveau national et local, alors que une technique altérant l'albédo de la planète par l'injection d'aérosols dans la stratosphère nécessitera accord global.

 

Ce principe pose un style de gouvernement particulier. On peut se demander s'il est universel, mais la question de savoir si la démocratie est la forme d'organisation sociale la plus efficace pour atteindre les objectifs écologiques dépasse largement le cadre de ce rapport. !!!

 

Principe 3 : Révélation des résultats de la recherche en géo-ingénierie et libre accès aux résultats publiés !!!

Il devrait y avoir une divulgation complète des plans de recherche et de publication ouverte des résultats afin de faciliter une meilleure compréhension des risques et de rassurer le public quant à l'intégrité du processus. Il est essentiel que les résultats de toutes les recherches, y compris les résultats négatifs, soient rendus publics.

Ce principe s'oppose à des pratiques qui minent l'intégrité, la crédibilité et l'efficacité de la recherche, mais qui restent malheureusement trop répandues. La recherche privée n'a pas pour habitude de publier tous ses résultats, mais même la recherche publique tend à filtrer les résultats négatifs. La publication dans des supports non-immédiatement accessibles, par exemple des revues d'accès payant, reste encore une barrière dans beaucoup de domaines.

 

Principe 4 : Évaluation indépendante des impacts

Une évaluation des impacts de la recherche en géo-ingénierie devrait être menée par un organisme indépendant de ceux qui entreprennent la recherche. Lorsque les techniques sont susceptibles d'avoir un impact transfrontalier, l'évaluation doit être effectuée par le biais des instances régionales et / ou internationales appropriées. Les évaluations doivent traiter à la fois les impacts environnementaux et socio-économiques de la recherche, et aussi de l'atténuation des risques de verrouillage technologiques prématurés et des intérêts acquis.

La question de l'indépendance se pose particulièrement pour ce style de recherche à grande échelle. On peut penser aux exemples du nucléaire ou du stockage du CO2. Les organisations compétentes sont peu nombreuses à l'échelle d'un pays. Il y a de plus une contradiction certaine entre être compétent et ne pas être impliqué dans la recherche sur le domaine.

 

Principe 5 : La gouvernance avant le déploiement

 

Toute décision en matière de déploiement ne doit être prise qu'avec des structures de gouvernance solides déjà en place, en utilisant les règles et les institutions existantes chaque fois que possible.

Le rapport de la U.K. Royal Society

Le rapport de la U.K. Royal Society sur l'ingénierie climatique (Shepherd 2009) est un document important dans la reconnaissance institutionnelle de ces technologies. Les résultats principaux sont :  La méthode la plus sûre et la plus prévisible pour modérer le changement climatique est de prendre rapidement des mesures efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

 

 

Aucune méthode de géo-ingénierie ne peut offrir une solution alternative facile ou facilement acceptable au problème du changement climatique.

 

 Les méthodes de géo-ingénierie pourraient toutefois être potentiellement utiles à l'avenir pour augmenter des efforts suivis visant à atténuer le changement climatique en réduisant les émissions, et devraient donc faire l'objet de recherches et d'analyses plus détaillées.

 

 La géo-ingénierie du climat de la Terre est très probablement techniquement possible. Toutefois, la technologie pour le faire est à peine formée, et il y a des incertitudes majeures quant à son efficacité, ses coûts et ses impacts environnementaux.

 

 Les méthodes qui agissent rapidement en réfléchissant la lumière du soleil peuvent s'avérer inefficaces pour compenser les changements dans les régimes des précipitations et des tempêtes, et les modèles climatiques actuels ne sont pas suffisamment précis pour fournir une évaluation fiable de ces méthodes au niveau régional.

 

 Les méthodes qui agissent en enlevant des gaz à effet de serre de l'atmosphère présentent moins de risques, mais auraient un effet beaucoup plus lent sur la température mondiale. Ces méthodes pourraient éventuellement apporter une contribution importante à l’atténuation du changement climatique.

 

 L'acceptabilité de la géo-ingénierie sera déterminée autant par les questions sociales, juridiques et politiques que par des facteurs scientifiques et techniques. Il y a des problèmes de gouvernance sérieux et complexes qui doivent être résolus pour que la géo-ingénierie puisse devenir un jour une méthode acceptable pour modérer le changement climatique.

 

 Il serait très peu souhaitable que les méthodes de géo-ingénierie qui impliquent des activités ou des effets qui s'étendent au-delà des frontières nationales (autres que la simple capture de gaz à effet de serre dans l'atmosphère) soient déployées avant que les mécanismes de gouvernance appropriés soient en place.

 

 

Commenter cet article