Les armes à énergie dirigée de Wayne Hall
Les armes à énergie dirigée
W. Hall Journées d’Études, Toulouse, 19 juin 2011
Étant donné que je n’ai qu’un temps limité pour parler, j’aimerais noter que je perçois la discussion sur les armes à énergie dirigée comme une occasion de renforcer le mouvement antinucléaire en générale.
Des accusations affreuses ont été portées sur le rôle des armes à énergie dirigée - c’est à dire les armes qui utilisent des fortes impulsions électromagnétiques ciblées - dans la catastrophe qui a eu lieu au Japon et qui maintenant irradie la planète entière. S’il s’avère que le désastre de Fukushima est le résultat d’une telle action criminelle délibérée, cela devrait mobiliser à la fois le mouvement antinucléaire et toute la société. S’il s’avère simplement que les actions criminelles de ce genre se sont déjà passées en certaines occasions récentes et pourraient ainsi avoir lieu aujourd’hui, à n’importe quel moment et n’importe où, c’est quelque chose aussi que le mouvement anti-nucléaire ne devrait pas ignorer.
Cela fait maintenant 20 ans que les armes à énergie dirigée ont été un sujet discuté au sein du mouvement anti-nucléaire. La discussion sur le programme de Guerre des Étoiles, également connu comme l’Initiative de Défense Stratégique, a attiré l’attention de tout le mouvement anti-nucléaire. On a conclu que les propositions de Guerre des Étoiles étaient extrêmement coûteuses et vraisemblablement difficiles à mettre en œuvre techniquement, si leur but était d’abattre des missiles balistiques. Certains commentateurs soviétiques ont posé la question à l’époque si le programme de Guerre des Étoiles a été réellement conçu pour servir un autre but, étant donné qu’il était si peu pratique et peu plausible en tant que programme antimissile.
A Reykjavik le président Ronald Reagan a tenté d’assurer, à l’aide d’une proposition étrange et contradictoire orientée vers le désarmement nucléaire total, le consentement soviétique à l’Initiative de Défense Stratégique, mais il a échoué. Après cela, la “Guerre des Étoiles” a disparu des médias et de la conscience des mouvements anti-nucléaires.
Le sujet d’un système d’armes à énergie dirigée sur le terrain connu comme HAARP (Programme de Recherche Boréale Active à Haute Fréquence) a été introduit dans un rapport remarquable en 1999 au Parlement Européen. Il portait “sur l’environnement, la sécurité et la politique étrangère” et a été réalisé sous la direction de la député européenne suédoise Maj Britt Theorin. Il a été cependant peu remarqué par le mouvement anti-nucléaire, et il n’a pas été accepté par la Commission Européenne qui a affirmé que de tels sujets sont l’affaire de l’OTAN et non pas de la Commission Européenne. Cette décision de la Commission est par elle-même une confirmation du système HAARP comme étant un système d’armement et non pas simplement un programme de recherche, comme l’affirmait le gouvernement américain.
Le livre sur “La Stratégie du choc” de Naomi Klein a porté à la conscience du monde le fait que les catastrophes naturelles, ou prétendues naturelles, peuvent ouvrir des nouvelles perspectives étonnantes au profit des entreprises et peuvent rendre possibles des changements politiques favorables aux entreprises multinationales. Si Naomi Klein n’est pas allée jusqu’à porter des allégations spécifiques de production délibérée de catastrophes, d’autres cependant l’ont fait. Le jeune chercheur Américain Dutchsinse qui dirige une enquête sur le fonctionnement de HAARP, a non seulement porté de telles allégations mais a aussi prédit avec précision les catastrophes dites naturelles comme le terrible cyclone qui a détruit Joplin dans le Missouri le 22 mai 2011.
La scientifique Américaine Leuren Moret a caracterisé la catastrophe de Fukushima comme une “guerre nucléaire tectonique”. Sa déclaration est contestée par d’autres chercheurs tels que le major Douglas Rokke, qui a milité avec Mme Moret contre l’uranium appauvri. Le major Rokke affirme que l’épicentre du tremblement de terre du 11 mars est située en trop grande profondeur pour que le désastre ait pu être provoqué par une arme.
Ce qui est le plus inacceptable dans cette discussion et dans d’autres comme celle-ci, c’est qu’elles ont eu lieu in vitro, dans un ghetto, dans un milieu stigmatisé par les médias internationaux et par le monde de la politique comme le milieu de la théorie du complot.
Les débats sur les armes à l’énergie dirigée à l’époque des discussions au sujet de la Guerres des Étoiles étaient inscrits dans les débats du courant politique dominant. Aujourd’hui ils sont la spécialité d’une partie de la société appelée les “théoriciens du complot”. Ces “théoriciens du complot” incluent les militants “chemtrails” (trainées chimiques) qui essaient depuis longtemps de persuader l’opinion publique et le système politique qu’une campagne planétaire est en marche pour répandre des aérosols par avion dans le but d’atteindre un certain nombre d’objectifs : pas seulement la réduction des niveaux d’ensoleillement afin de réagir au réchauffement global mais aussi l’augmentation de la conductivité de l’atmosphère, précisément pour faciliter le fonctionnement des armes à énergie dirigée. (Ceci sans compter de nombreuses autres accusations faites en relation avec les trainées chimiques.)
Malheureusement, le débat a été rendu plus compliqué et confus par l'introduction d’un autre débat qui est venu à la mode dans le début des années 1990 en même temps que le débat nucléaire, et plus encore le débat sur les armes nucléaires, devenaient démodés. C’est le débat sur le changement climatique. Les militants du changement climatique ont pris l’habitude de citer les catastrophes de toutes sortes, des cyclones aux séismes et aux tsunamis, comme preuve des effets catastrophiques d’un changement climatique d’origine anthropique, et dont la réalité est niée par les soi-disant sceptiques du changement climatique. Le débat tel qu’il est reproduit dans les médias brouille une distinction importante: la distinction entre les conservateurs
sceptiques du changement climatique qui se moquent des militants du changement climatique, les traitant de prophètes de malheur, et de l’autre côté, les radicaux sceptiques du changement climatique, dont la critique vient de l’autre direction et qui accusent les militants du changement climatique d’ignorer le facteur de guerre délibérée de l'environnement.
Dans le débat, les deux types de sceptiques sont confondus, avec pour résultat que les discussions sur les centrales nucléaires ou les catastrophes environnementales peuvent très facilement être transformées en arguments pour ou contre l’origine anthropique du changement climatique.
Ce qui a été construit est un scénario très efficace permettant de “diviser pour régner”. D’une part les mouvements anti-nucléaires ignorent les discussions des “théoriciens du complot” pour savoir si les catastrophes “naturelles” successives d’aujourd'hui, sont produites délibérément. D’autre part, les soi-disant théoriciens du complot sont de plus en plus préoccupés par la question de savoir si les catastrophes dites naturelles ont été causées par les Américains, les Chinois, les Russes, les Européens, ou quelqu’un d'autre. Cette préoccupation est renforcée par des interventions des nationalistes comme le politique russe Vladimir Jirinovski, qui prétend à la télévision russe que les Russes possèdent des “armes météorologiques secrètes” qui peuvent détruire une partie de la planète et “tuer des millions de personnes”.
Heureusement, certains ont réussi à échapper à ces scénarios de division. Les Verts de Chypre, qui sont membres des Verts européens et représentés au parlement de Chypre, mènent activement et au niveau du leadership une campagne à la fois contre HAARP, qui selon eux opère également à Chypre, et d’autre part contre les trainées chimiques. Ils sont une exception remarquable parmi les partis verts de l’Europe et même du monde, et leur exemple devrait être suivi par les autres partis verts.
D’autre part, au sein de la société civile, et dans les mouvements anti-nucléaires, devront être réactivés le mouvement pour une Europe libérée d’armes nucléaires et de centrales nucléaires qui a été si puissant en Europe avant l'effondrement de l’Union Soviétique. La dénucléarisation de notre région ne doit pas être l’otage des évènements politiques à l’échelle mondiale ou des scénarios de “division pour mieux régner” de la politique américaine. L’appel de Saintes “pour une Europe sans armes ni centrales nucléaires” doit être soutenue par tout le monde. Le rapport de 1999 de Maj Britt Theorin au Parlement européen “sur l’environnement, la sécurité et la politique étrangère” doit devenir la base d’un nouveau mouvement anti-nucléaire européen, et même d’une nouvelle Europe des citoyens.
Massimo Greco au sujet des traînées chimiques (video) http://www.youtube.com/watch?v=2f6emAvUtag&feature=channel_video_title
Jean-Marie Matagne au sujet des traînées chimiques (video) http://www.youtube.com/watch?v=oCedLpEQJ8A&feature=relmfu