L’Ademe dénonce l’utilisation abusive du concept de "neutralité carbone”
Publié le 25/02/2022 à 09:55 - FranceSoir
Ikea, Apple, Carrefour… de nombreuses entreprises et marques disent être engagées pour atteindre la “neutralité carbone”. Mais derrière ces termes peuvent se cacher des stratégies de "greenwashing" qui ne visent qu’à se démarquer de la concurrence, et qui génèrent de la confusion, ainsi qu'une absence de consensus autour de ces termes. Pour clarifier le sujet, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a publié le 17 février un document de recommandations qui dénonce l’utilisation abusive de la “neutralité carbone”, pour éviter de se laisser duper par la communication.
Le terme “neutralité” est source de confusion
L’utilisation abusive du terme “neutralité” induit le public en erreur par définition, car il repose sur le concept de “remise à zéro” alors qu’il recouvre des réalités différentes. Dans le langage courant, quand on parle de "neutralité", on pense à l’attitude « d’une personne ou d’une organisation qui s'abstiennent de prendre parti dans un débat, une discussion ou un conflit ». Appliqué au domaine de la lutte contre le changement climatique, ce terme laisse penser que le territoire, l’entreprise, le produit ou le service ne contribue pas au problème. Le consommateur comprendra donc que la marque s’abstient de contribuer aux émissions de CO₂, alors que cela n’est pas vrai, puisque le terme est utilisé en général uniquement dans le cadre d’une réduction de l’empreinte carbone, et non d’une disparition totale de l’empreinte carbone, qui est impossible. La qualification « 100 % neutre en carbone » est donc un exemple de communication trompeuse, car cela voudrait dire « zéro gaz à effet de serre ». Au contraire, selon l’Ademe, les entreprises devraient donner un pourcentage précis des efforts de réduction des émissions carbone, par exemple : « Telle entreprise a réduit son empreinte carbone de X % en l’espace de trois ans ». Les informations comme : « Territoire neutre en carbone », « marque certifiée neutre en carbone », « gamme climatiquement neutre », « service zéro carbone », « neutralité carbone à vie », « produit zéro carbone », « événement neutre en CO₂ », sont des arguments imprécis qui trompent le public, explique l’Ademe.