La privatisation des ADP serait-elle abandonnée ?
Brigitte Macron, Christophe Barbier, journaliste de BFM TV, Emmanuel Macron et Bernard Mourad. Bernard Mourad a été le banquier de Patrick Drahy, lequel a reçu 14 milliards de cadeaux fiscaux d'Emmanuel Macron lorsqu'il était ministre des finances.Bernard Mourad est depuis devenu le patron de Bank of America France, chargé de la vente des aéroports de Paris.https://www.boursier.com/actions/actualites/news/groupe-adp-l-etat-aurait-mandate-une-banque-pour-ceder-des-titres-750505.html
https://www.linternaute.com/actualite/politique/1906679-privatisation-adp-un-referendum-pour-rien-le-projet-deja-abandonne/
PÉTITION ADP - Le projet controversé de privatisation d'Aéroports de Paris va-t-il être abandonné plus vite que prévu ? Deux semaines après le lancement d'une procédure de référendum d'initiative partagée (RIP) sur la question, Emmanuel Macron aurait déclaré en privé que le projet ne se ferait pas.
La privatisation des aéroports de Paris pourrait bien ne jamais avoir lieu. Ce mercredi 26 juin, le très bien informé Canard Enchaîné écrit en tout cas que le président de la République a un avis arrêté sur la question. Celui-ci aurait confié à des visiteurs que le projet "pas compris par l'opinion publique" était impossible à mener à bien. Selon l'hebdomadaire, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire se serait également fait à l'idée que la privatisation soit abandonnée. "Il faut prendre son temps, il ne faut pas faire comme si le référendum n'existait pas. Il convient de respecter les Français signataires du projet de référendum d'initiative partagée. Et de ne pas donner l'impression, en attaquant cette procédure, que nous les méprisons. Le processus doit aller sereinement jusqu'au bout, comme le prévoit la Constitution" aurait expliqué Emmanuel Macron devant quelques ministres.
Une procédure a été lancée le 13 juin 2019. 248 députés et sénateurs de l'opposition ont déclenché le processus de "référendum d'initiative partagée", et ont jusqu'au 12 mars 2020 pour récolter 4,7 millions de signatures. Si l'objectif est atteint, le gouvernement devra organiser un référendum national courant 2020 afin que les Français donnent leur avis sur ce sujet devenu polémique. C'est la première fois que le "RIP", introduit en 2008 dans la loi française mais applicable que depuis 2015, est utilisé. Il nécessite la réunion de plusieurs conditions, et notamment le soutien d'un cinquième des parlementaires puis de 10% du corps électoral.
Référendum Aéroports de Paris
Ce référendum d'initiative partagée vient s'opposer au projet controversé de privatisation des aéroports de Paris. En 2017, le gouvernement français a fait savoir son intention de privatiser le groupe sous la supervision de la Bank of America-Merill Lynhc. Cette décision a été vivement critiquée par les détracteurs du projet, en raison, avancent-ils, des coûts potentiels pour l’État, de la perte de revenu que constituerait cette privatisation, du symbole politique qui serait envoyé ou encore, de l'expérience de la privatisation de l'aéroport Toulouse Blagnac, vivement critiquée par la Cour des Comptes.
Dans le projet accompagnant la pétition, les députés et sénateurs expliquent qu'"un aéroport n'est pas une entreprise comme les autres : c'est un outil stratégique de politique économique". Ils rappellent également la situation dans d'autres pays d'Europe. "Cette vision est partagée par la plupart des pays européens pour lesquels les aéroports restent propriété de la puissance publique (ville, région, État, ...). C'est ainsi qu'en Allemagne, en Espagne ou en Italie, aucun aéroport n'est détenu uniquement par des acteurs privés." écrivent les 248 parlementaires. "Afin de ne pas reproduire les erreurs liées à la privatisation d'infrastructures stratégiques en situation de monopole, nous souhaitons avec la présente proposition de loi référendaire donner la possibilité au peuple français de se prononcer quant à l'affirmation du caractère de service public national de l'exploitation des aérodromes de Paris, ce qui aura pour conséquence de rendre impossible leur privatisation", ajoutent-ils.
Référendum ADP : combien de signatures ?
Le site officiel du gouvernement ne liste pas en temps réel le nombre de signatures pour la pétition sur le référendum au sujet de la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP). Il indique uniquement l'identité des signataires, sans réaliser de décompte. Jusqu'au 25 juin, il était possible d'accéder à une page listant l'ensemble des signataires, permettant un décompte avec précision. Le site du ministère de l'Intérieur a cependant corriger cela, et il est désormais impossible d'accéder à cette liste complète. Une décision assumée par le ministère. "Le législateur a confié au Conseil constitutionnel et à lui seul le décompte des soutiens. Il n'a pas prévu que les électeurs et de manière générale nos concitoyens y aient accès, raison pour laquelle le ministère de l'Intérieur est intervenu pour que cette page n'apparaisse plus" a-t-il expliqué à Libération.
Malgré ces difficultés, CheckNews de Libération utilise sa propre méthode pour estimer le nombre de signataires. Le site estime ainsi à environ 390 000 le nombre de soutiens validés le 26 juin, contre 378 477 la veille et environ 236 000 le 20 juin. Il précise également que le site semble disposer d'un délai de 5 jours entre le dépôt d'une signature et sa validation. Ce chiffre de plus de 390 000 signataires représente environ 8% du nombre total de signatures à récolter. Afin d'atteindre son objectif avant le 12 mars 2020, le projet doit progresser à un rythme d'environ 17 000 nouveaux soutiens par jour. Le site ADPRip, qui réalise son propre décompte, estime que l'objectif pourrait à ce rythme être atteint le 14 décembre 2019. Si le nombre de soutiens est pour le moment en avance par rapport à ce chiffre moyen, la progression semble pourtant ralentir depuis quelques jours. CheckNews compte en effet une progression d'environ 16 000 signatures confirmées entre le 24 et le 25 juin, contre 25 000 par jour précédemment. Il semble improbable que la mobilisation puisse suffisamment se maintenir dans la durée pour atteindre son objectif, sauf en cas de campagne médiatique intense dans les mois à venir.