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Ciel Voilé

Victoire des opposants à l'aéroport Notre Dame des Landes

17 Janvier 2018, 18:11pm

Publié par Reporterre

Victoire des opposants à l'aéroport Notre Dame des Landes

Reporterre, le 17 janvier 2018

EN DIRECT DE LA ZAD
  • 16 h - Toutes les composantes de la lutte anti-aéroport ont donné une déclaration commune reprenant leur communiqué et rappelant « l’importance de construire l’avenir de la Zad ». « Une déclaration où se mêle la joie et le soulagement », d’après notre journaliste, qui a également constaté, « face à la ruée violente et à la mêlée ouverte des journalistes » au moment de la déclaration, que ses confrères « n’étaient décidément pas prêts pour l’autogestion ».
  • 14 h 30 - L’annonce a été écoutée à la Rolandière par une quarantaine de zadistes, à l’écart des journalistes. Dans le même temps, une banderole a été préparée et installée sur le Phare, affichant : « Et toc ! Rendez-vous le 10 février. » Ce groupe a ensuite quitté la Rolandière pour aller à la Wardinne afin de préparer la conférence de presse. Également, une grande banderole « Merci ! » est en préparation : elle sera ensuite emmenée par les habitants de la Zad de ferme en ferme, pour aller saluer et remercier les agriculteurs « historiques », et célébrer avec eux cette victoire.
  • Le mouvement anti-aéroport s’est donné rendez-vous ce mercredi à 18 h à La Vache rit. D’après notre journaliste présent sur place, « un hélicoptère de la police survole la zone ».
  • Sur le site internet des habitants de la Zad, les opposants « demandent à toutes les personnes qui souhaitent [les] soutenir de rester vigilant.e.s et d’attendre un appel clair de [leur] part avant de venir sur la Zad. »
Dans le village de Notre-Dame-des-Landes, les militants de l’Acipa attendent la décision

LESACTIONS DES OPPOSANTS À L’AÉROPORT
  • Pour la Confédération paysanne, cet abandon est « aussi une victoire pour les générations futures. Au XXIe siècle, les terres nourricières ne peuvent plus être le réservoir sans fond de projets d’artificialisation ». Le syndicat demande un moratoire pour la suite de la gestion des lieux afin de se donner du temps : « Il faut maintenant mettre les acteurs autour de la table pour pouvoir pérenniser les lieux de vie car les activités agricoles foisonnent sur place, mais aussi pour que la vie retrouve son cours. » Il espère également que ce dénouement servira de leçon à l’avenir : « Au vu du nombre de projets d’artificialisation des terres agricoles en cours, il faut en faire un nouvel impératif de prise de décision quant à l’opportunité de ces projets face au gaspillage des terres agricoles. »
  • Pour Michel Dubromel, président de France nature environnement, « cette décision courageuse montre que, loin de s’entêter dans un projet du passé, le gouvernement change de logiciel, intègre les enjeux d’aujourd’hui et, via une méthode innovante, sort par le haut de ce dossier complètement enlisé », explique-t-il dans un communiqué. Concernant la gestion des terrains prévus pour l’ex-projet d’aéroport, France nature environnement demande au gouvernement « de prendre le temps de coconstruire un projet de territoire, basé sur les atouts de celui-ci. Et ce avec l’ensemble des habitants et des parties prenantes. L’avenir de ce territoire ne doit pas être une urbanisation et une agriculture intensive destructrices, mais passe notamment par l’agroécologie pour aménager ce territoire de manière durable et développer, en circuits courts et de proximité, des activités et des pratiques compatibles avec la préservation de l’environnement ».
  • Jointe par Reporterre, Geneviève Coiffard, membre de la coordination du mouvement anti-aéroport se réjouit d’une « formidable victoire collective », « reconnue et ressentie comme telle par tous, habitants de la Zad, agriculteurs historiques, associatifs, naturalistes ». Elle décrit comment jeunes habitants et agriculteurs ont célébré l’annonce de l’abandon du projet, en dansant ensemble. Chacun sait ce qu’il doit aux autres composantes : « Si les historiques n’avaient pas tenus, on n’en serait pas là. Si les nouveaux habitants n’étaient pas venus, on n’en serait pas là non plus. » Cette intelligence collective caractérise d’après elle la lutte de Notre-Dame-des-Landes : « Cette lutte est inouïe et complètement hors norme quant à sa durée, la diversité et le nombre de personnes, et la diversité des tactiques. » Et maintenant ? « Il est urgent de s’occuper de la route D281, dite “route des chicanes”. Ce problème doit être résolu par le mouvement et au sein du mouvement, sans attendre la Saint-Glinglin, mais sans intervention des forces de l’ordre. Mais, vu qu’il n’y a plus de projet d’aéroport, il n’y a pas de raison pour que cette route reste dans l’état actuel », c’est-à-dire encombrée et donc difficile d’accès. Quant à l’avenir de la Zad et des terres, elle espère qu’une structure légale issue du mouvement pourra gérer les terres revenues sous le giron du conseil général, par exemple sous la forme d’un bail emphytéotique. Cette structure pourrait ensuite redistribuer les terres aux personnes qui souhaitent la cultiver, de manière conventionnelle ou hors cadre (sans cotiser auprès de la Mutualité sociale agricole). « On craint que les terres ne soient vendues pour créer de grandes exploitations », explique-t-elle. En tout état de cause, « tout ceci va prendre du temps, pour penser les structures juridiques et les projets agricoles, il ne faut pas nous précipiter ». Le rassemblement du 10 février devrait permettre d’impulser une nouvelle page de l’avenir de la Zad.
  • Dans un communiqué commun, l’ensemble des composantes du mouvement anti-aéroport salue « une victoire historique face à un projet d’aménagement destructeur » rendue « possible grâce à un long mouvement aussi déterminé que divers ». Dans le futur, « ce territoire doit pouvoir rester un espace d’expérimentation sociale, environnementale et agricole ».
    En ce qui concerne l’avenir de la Zad, l’ensemble du mouvement réaffirme dès aujourd’hui :
  1. La nécessité pour les paysans et habitants expropriés de pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite ;
  2. Le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venus habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et qui souhaitent continuer à y vivre ainsi qu’à en prendre en soin ;
  3. Une volonté de prise en charge à long terme des terres de la Zad par le mouvement dans toute sa diversité — paysans, naturalistes, riverains, associations, anciens et nouveaux habitants.
    Le mouvement s’engage à rouvrir la route D281, fermée à la circulation depuis 2013. « La présence ou l’intervention policières ne feraient donc qu’envenimer la situation », précisent les opposants.
  • Selon Marie Toussaint, présidente de l’ONG Notre affaire à tous :

La résistance à NDDL fut légitime car ce projet n’aurait jamais dû exister. C’est précisément l’inadéquation de notre droit et de notre démocratie qui a mené à son déploiement, et donc à l’occupation des terres. En 2017, 312 défenseurs des droits humains et environnementaux ont été tués dans 27 pays. Après la décision de non-lieu pour Rémi Fraisse, la France ne peut contribuer à l’augmentation de ce chiffre terrifiant. »


LESACTIONS DES FEMMES ET HOMMES POLITIQUES
  • Interrogée par Reporterre à l’Assemblée nationale, la députée LREM Barbara Pompili se félicite de cette annonce : « On se donne deux mois pour travailler sur ce territoire, pour qu’il revienne à l’agriculture et pour trouver des solutions apaisées avec ceux qui y sont. » La députée a salué « une décision courageuse et intelligente » par laquelle « le gouvernement met en adéquation ses paroles et ses actes sur le développement durable ». Quant à l’avenir des habitants de la Zad, elle les invite « à expérimenter et à travailler ensemble avec les autorités plutôt que de se braquer ». Enfin, quant à la question de voir des Zad se multiplier, c’est d’après elle un « fantasme » : « On a avancé sur le fait de pouvoir réfléchir au projet en amont, en discuter avec les populations et avoir une recherche d’alternatives. »
  • Pour Matthieu Orphelin, député LREM opposant à l’aéroport, « ce n’est pas la victoire des uns contre les autres ». Il parle d’une bonne décision, apaisante, qui permet une sortie par le haut. Le choix du gouvernement va plus loin que le rapport des médiateurs, qui proposait une réserve foncière au cas où l’on voudrait faire aéroport plus tard. On va faire de Notre-Dame-des-Landes un grand projet agricole pour le XXIe siècle. Sur la méthode, « le gouvernement a été irréprochable », selon lui. Qu’en est-il de l’avenir de la Zad ? « Sans délai, les routes doivent être entièrement nettoyées, et c’est aux opposants de prendre cette responsabilité », insiste-t-il, tout en se disant « soulagé » de savoir que ce soir, « il n’y aura pas des centaines de policiers » dans le bocage nantais. Enfin, il balaie l’hypothèse de « créer un précédent et pousser à la création de Zad » : « Ce qui crée un précédent, c’est que plus jamais en France, un projet d’aménagement ne sera mené sans que les alternatives aient été étudiées. En ce sens, il y aura un avant et un après Notre-Dame-des-Landes. »
  • Dans un communiqué, le groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale se félicite de la décision, qui « confirme et valide la résistance sans faille qui s’est organisée depuis cinquante ans sur place avec des réseaux de sympathie active dans le pays ». Tout en refusant une expulsion de la Zad, les députés insoumis espèrent que Notre-Dame-des-Landes deviendra « une terre d’expérimentation concrète de la transition écologique ».
  • Pour l’écologiste Julien Bayou, « cette victoire est à savourer ». Sur Twitter, il espère que cette décision créera « un précédent important pour que développement économique rime avec préservation de l’environnement et du vivant ». Il en appelle à la discussion sur la Zad, car dit-il, « l’évacuation dans la violence serait contreproductive ».
  • Bruno Retailleau, ex-président du conseil régional des Pays de la Loire et sénateur de Vendée, partisan historique du projet d’aéroport, dénonce la « capitulation » et la « trahison » d’Emmanuel Macron. Il détaille sa position sur son site personnel : « Emmanuel Macron vient de capituler en rase campagne. Les Zadistes ont gagné. L’État vient de donner raison aux voyous et de désavouer le vote des citoyens. C’est un scandale démocratique qui nous emplit de colère et d’amertume. Désormais, chacun sait qu’en France il suffit d’un chantage à la violence pour faire plier l’État. Mais on ne gagne jamais la paix en capitulant ; on contraire, en capitulant, on légitime et on encourage la violence. Je souhaite que la Zad soit évacuée mais Emmanuel Macron prend la très lourde responsabilité d’exposer pour rien la vie des forces de l’ordre. »

La suite de l'article sur le site Reporterre ...

 

Notre-Dame-des-Landes : le projet d’aéroport est abandonné

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