La riziculture à faibles émissions de carbone : un permis de polluer aux dépens des petites exploitations
Au début de l'année, un rapport d'enquête du site Climate Home News a révélé que la multinationale pétrolière Shell avait très probablement empoché des millions de dollars dans le cadre de projets de riziculture en Chine. Si cela n'a rien de surprenant en soi, l'histoire est plus douteuse qu'il n'y paraît. Ces projets ont introduit des méthodes d'irrigation qui visent à réduire les émissions de méthane et à permettre à Shell de revendiquer ces réductions pour compenser ses propres émissions ou de les vendre comme crédits carbone à d'autres gros pollueurs[1]. De plus, le rapport révèle que Shell a utilisé des « tours de passe-passe comptables » pour surestimer les réductions d'émissions du projet, et que 85 % des crédits générés par le projet ont fini dans les mains de PetroChina, la compagnie pétrolière et gazière publique chinoise.
Verra, la société qui a certifié les projets rizicoles de Shell, a réagi en suspendant les projets dans l'attente d'un réexamen. Verra est actuellement impliquée dans d'autres scandales similaires concernant des projets de compensation carbone dans d'autres régions du monde[2]. Si le projet Shell est en suspens, Verra et d'autres sociétés de certification poursuivent des dizaines d'autres projets de compensation des émissions de carbone dans des exploitations rizicoles d'Asie et d'ailleurs. En effet, la riziculture est devenue l'une des principales cibles des projets de compensation des émissions de carbone.
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