Guerres biochimiques et armes « écoresponsables »
Maryse Laurence Lewis – Le 12 novembre 2024 – mondialisation.ca
Prôner le « bio » n’est pas toujours salutaire. Ce joli diminutif est très insidieux, lorsque sa nature devient militaire. Et des armes biologiques, les peuples belliqueux en utilisent depuis plus de 1000 ans.
Le Moyen-Âge est une période trop longue pour s’avérer réductible à ses moments qualifiés d’obscurantistes. Un bon exemple provient du développement de l’Inquisition. Ses prémices sont moyenâgeux, mais son application couvre davantage la Renaissance. Les épidémies y firent des ravages, mais si on ignorait la cause des infections, on les savait contagieuses. Les malins trouvent toujours le moyen de profiter d’un malheur : lors d’un conflit, on catapultait des cadavres, dans l’enceinte des villes assiégées. Si les habitants ne manquaient pas de nourriture, la peste ou la vérole affaiblissait leur résistance.
Des armes biodégradables
Il est dit qu’on n’arrête pas le progrès. Les vendeurs d’équipements militaires finiront par convaincre des citoyens qu’une guerre est justifiable, en étiquetant leurs produits « armes écoresponsables ». Les leurres qui attrapent les poissons fonctionnent aussi avec les humains : en Angleterre, le Ministère de la Défense subventionne l’entreprise BAE Systems pour la conception de mines antipersonnel biodégradables. Elles avaient été interdites, mais sous cette forme, on les jugera acceptables. Eh oui, je vous l’ai dit, on n’arrête pas le progrès. On développera aussi des ogives moins bruyantes et on éliminera le plomb des balles d’armée. D’autres pays suivront cette éthique de poudre aux yeux. Il me semble déjà entendre les ministres de la Défense susurrer que les guerres deviennent respectueuses pour l’environnement. Certains considèrent l’énergie nucléaire « verte ». Va-t-on aussi déclarer les armes nucléaires « vertes » ? ¹
Les militaires sont stratèges jusque dans les mots. Une bombe qui anéantit un village est « une erreur de cible ». On nomme le massacre d’une population « guerre humanitaire » et la destruction d’un hôpital « dommage collatéral ». Maintenant, on ajoute « mines biodégradables » et « munitions saines pour l’environnement ». Encore une fois, on n’arrête pas le progrès… de la stupidité humaine. Mais ceci n’est qu’une introduction, entrons dans le vif du sujet, comme le font les soldats.
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