Pour une expertise en géo-ingénierie fondée sur une recherche responsable
Le 23 octobre 2025 - CNRS
Fin septembre 2025, l’agence de programme Climat, biodiversité et sociétés durables, pilotée par le CNRS, a rendu une note de travail sur les interventions climatiques. Le chef de projet de cette mission nous explique pourquoi il faut disposer d’une expertise scientifique dans ce domaine de recherche, sujet à controverses.
Fin septembre, vous avez rendu au ministère de la Transition écologique un document sur les interventions climatiques, porté par l’agence de programme confiée au CNRS. D’où vient-il ?
François Ravetta1 : Il y a quelques mois, l’agence Climat, biodiversité et sociétés durables a initié une action autour des interventions climatiques, plus connues sous le nom de « géo-ingénierie ». L’enjeu est de dresser une feuille de route nationale pour savoir quelles recherches conduire dans ce domaine, en tenant compte des enjeux politiques, économiques et éthiques, ainsi que des questions de souveraineté et de sécurité nationale. L’agence souhaite traiter la question des interventions climatiques au-delà des sciences du climat en promouvant une approche multidisciplinaire, avec le souci de fédérer les équipes concernées, dont les forces de recherche sont limitées. J’ai ainsi pu réunir un groupe de dix-huit experts aux profils variés, représentant une dizaine d’établissement de recherche.
Cette mission a suscité l’intérêt de la sous-direction de la recherche du ministère de la Transition écologique, qui sert de point focal national pour les négociations du GIEC. Cette sous-direction nous a en particulier sollicité pour disposer d’une expertise scientifique pour appuyer ses positions lors des cycles de négociations internationales, en priorité dans le domaine du stockage marin du CO2. La lettre de cadrage étant ambitieuse, trois collègues du groupe d’experts ont dans un premier temps rédigé une note de travail rappelant l’état de l’art, les possibilités et les risques des techniques associées. Fin 2026, nous livrerons une prospective complète, élargie à l’ensemble des techniques d’élimination du CO2 accumulé dans l’atmosphère.
Pourquoi cette focale sur le stockage du CO2 ?
F. R. : Également appelée Carbone Dioxyde Removal (CDR), cette technique consiste à retirer du carbone de l’atmosphère à l’échelle planétaire, dans l’optique de limiter l’ampleur du réchauffement climatique en cours. On agit ainsi sur la cause – le stock excessif de CO2 dans l’atmosphère – du changement climatique. Dans une perspective d’atteinte de la neutralité carbone, le GIEC l’a déjà pour partie intégrée à ses scénarios, sous la forme d’émissions négatives de CO2.
En pratique, le CDR peut se dérouler aussi bien en mer qu’à terre et tant à l’aide de techniques du vivant que de moyens physico-chimiques. En mer, on envisage par exemple la croissance massive d’algues sous-marines ou l’alcalinisation2 du milieu océanique pour augmenter leur captation de CO2. À terre, on s’appuie sur les puits de carbone écosystémiques (espaces agricoles, forêts, zones humides, etc.) ainsi que des processus géologiques, comme les réservoirs en sous-sol.
La suite :
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