Martine Aubry à Wuhan
mardi 28 avril 2020
Qui se souvient de Martine Aubry représentante spéciale du Ministère des Affaires étrangères en Chine ? Qui se souvient de son partenariat signé avec la ville de Wuhan pour y sortir de terre un quartier « durable », « smart » et « protégeant l’environnement » en lieu et place d’une réserve naturelle ? Pas même la principale intéressée, semble-t-il. C’est dommage. Son expérience urbanistique de Wuhan nous aiderait pourtant à penser le monde d’après, ou tout au moins le second tour des municipales.
Fin août 2012, Martine Aubry est nommée par Laurent Fabius représentante spéciale du Ministère des affaires étrangères en Chine. Dès lors, la maire de Lille se rend tout particulièrement dans la ville désormais célèbre de Wuhan promouvoir l’industrie française. Elle entend faire de la cinquième ville chinoise une ville durable « incarnant un vivre ensemble de meilleure qualité pour les habitants. [1] » Comme c’est cocasse, alors que le confinement mondial a débuté là précisément.
De Gaulle et le premier ministre Zhou Enlai avaient décidé en 1966 de faire de Wuhan un modèle de coopération franco-chinoise. Quand Aubry pose les pieds à Wuhan, la ville est déjà la plus française des cités chinoises. 90 entreprises tricolores y font déjà du business. PSA y dispose de son plus grand site de production au monde. La Société générale est la première banque étrangère à s’être implantée dans le pays en 1996. Areva, Total, Carrefour, Schneider, Renault, Suez y emploient des milliers de salariés [2]. Wuhan, c’est neuf millions d’habitants étalés sur 250 Km², soit deux fois la superficie de Paris. Une ville qui à l’époque s’apprête à ériger le premier gratte-ciel dépassant les 1000 m de hauteur. Un monstre urbain.
Prises de contacts. Les 25 et 26 avril 2013, Aubry fait ses premiers pas en Chine avec François Hollande, huit ministres français, des personnalités comme l’architecte Jean Nouvel, et soixante industriels. Parmi eux se trouve le patron de BioMérieux qui finança la création du laboratoire bactériologique de haute sécurité « P4 » de Lyon – celui-là même qui « forma » à la biosécurité les chercheurs du laboratoire P4 de Wuhan dont même Le Monde commence à se demander s’il n’est pas à l’origine de l’épidémie de Covid-19 [3]. L’anecdote n’est-elle pas croustillante ?