Infiltration au cœur du trafic illégal de bois entre la France et la Chine
Disclose – Le 21 février 2023
« Contactez-moi si vous avez du bois à charger en containers ». Des messages comme celui-ci fleurissent depuis plusieurs années sur le réseau social Facebook. À la manœuvre, des dizaines de traders chinois à la recherche de plusieurs essences de bois, dont l’or vert : le chêne français.
Le précieux feuillu, qui représente plus de 40 % des essences forestières du pays, est devenu une ressource très convoitée par l’industrie du bois chinoise. Des centaines de milliers de mètres cubes de chênes quittent ainsi le territoire français chaque année en direction des ports de Qingdao ou de Shanghaï. Pour faire face à cet appétit vorace, le gouvernement français a mis en place un label baptisé « Transformation UE ». Celui-ci interdit que les chênes issus des forêts publiques du pays soient exportés hors de l’Union européenne sans avoir été préalablement transformés – plus de 80 % des chênes vendus par l’Office national des forêts (ONF) sont protégés.
INFILTRATION
Pour contourner le label et mettre la main sur les troncs vendus par l’établissement public, des traders chinois ont mis en place un vaste système de blanchiment du bois, avec le concours de revendeurs français peu scrupuleux. Afin d’infiltrer ce réseau de trafiquant, nous nous sommes fait passer pour un négociant en bois de l’est de la France, prêt à vendre des chênes labellisés « Transformation UE ». Il nous a suffi de créer un faux profil Facebook et de contacter des traders revendiqués en leur demandant s’ils étaient intéressés par du chêne français.