L’Occident renonce à la liberté d’expression
C’est un débat que l’on croyait clos : les Occidentaux avaient affirmé que la liberté d’expression est un préalable indispensable à la démocratie et qu’ils ne la violeraient jamais plus. Pourtant, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Pologne, l’Italie et l’Allemagne se sont déjà engagés sur la voie de la censure. Il y a désormais des choses à ne pas dire.
RÉSEAU VOLTAIRE | PARIS (FRANCE) | 8 NOVEMBRE 2022
a liberté d’expression était une caractéristique de l’Occident depuis le XVIII° siècle. Ce fut la base sur laquelle le régime politique porté par les classes moyennes fut construit : la démocratie. Le principe selon lequel, la volonté générale surgirait de l’affrontement des diverses opinions n’était plus contesté. Toute atteinte à cette liberté était vécue comme un coup porté à la résolution pacifique des conflits.
Pourtant, au début du XX° siècle, lorsque la Guerre mondiale déchira l’Occident, les Britanniques, puis les États-uniens n’hésitèrent pas à utiliser des moyens modernes de propagande, non seulement face à leurs ennemis, mais aussi face à leur propre population [1]. Pour la première fois, des gouvernements démocratiques mettaient en place des programmes pour tromper leurs concitoyens. À l’issue de cette guerre, les Britanniques s’enorgueillirent de leurs succès, laissant entrevoir un possible usage de la propagande de guerre en temps de paix. Aussi, lorsque le système économique capitaliste fut menacé et avant même que la Seconde Guerre mondiale fut déclenchée, les démocraties et la liberté d’expression furent mises entre parenthèses, et la propagande reprit, d’abord en Italie et en Allemagne, puis dans tout l’Occident.
Depuis trois quarts de siècle, les Occidentaux jurent de défendre leurs valeurs et de ne plus pratiquer la propagande à usage interne.