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Ciel Voilé

Une nouvelle étude montre que pour répondre à la crise climatique, il faut mettre fin à 50 ans de surconsommation d’engrais chimiques

3 Novembre 2021, 08:09am

Usine d’engrais de Yara Belle Plaine, Canada. Photo: The Cosmonaut/Wikimedia Commons

Usine d’engrais de Yara Belle Plaine, Canada. Photo: The Cosmonaut/Wikimedia Commons

Mondialisation.ca, 02 novembre 2021 grain.org

 

La hausse des coûts des engrais azotés de synthèse, déclenchée par une flambée des prix du gaz naturel, fait paniquer les gouvernements, qui craignent une crise alimentaire mondiale catastrophique.[1] Dans le même temps, une nouvelle étude montre que les engrais azotés de synthèse sont un facteur majeur de la crise climatique puisqu’ils sont actuellement à l’origine de l’émission dans l’atmosphère d’une tonne de GES sur 40.[2] À la veille de la 26e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, le moment est venu pour le monde de se débarrasser de sa dépendance aux engrais azotés de synthèse et de passer de toute urgence à une agriculture sans combustibles fossiles ni produits chimiques.

Cette nouvelle étude – réalisée par trois chercheurs travaillant avec Greenpeace, IATP et GRAIN – fournit la première estimation des impacts climatiques mondiaux des engrais azotés de synthèse couvrant l’ensemble de la chaîne de production, de la fabrication à l’application au sol. Elle révèle que la production et l’utilisation d’engrais azotés de synthèse représentent 2,4 % des émissions mondiales, ce qui en fait l’un des produits chimiques industriels les plus polluants pour le climat. La chaîne d’approvisionnement des engrais azotés de synthèse a été à l’origine d’émissions estimées à 1,25 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2018, soit environ 21,5 % des émissions directes annuelles issues de l’agriculture (5,8 milliards de tonnes). À titre de comparaison, les émissions mondiales de l’aviation commerciale se sont élevées à environ 900 millions de tonnes de CO2 en 2018.[3]

La majorité des émissions provenant des engrais azotés de synthèse se produisent après leur application sol et arrivent dans l’atmosphère sous forme d’oxyde nitreux (N2O) – un gaz à effet de serre persistant dont le potentiel de réchauffement climatique est 265 fois supérieur à celui du CO2. Mais un aspect est moins abordé : près de 40 % des émissions de gaz à effet de serre des engrais azotés de synthèse se produisent pendant la production et le transport, principalement sous forme de CO2résultant de la combustion de combustibles fossiles pendant la fabrication. Une comptabilisation complète des émissions des engrais azotés de synthèse montre qu’il s’agit d’une source majeure de pollution climatique qui doit être rapidement et considérablement réduite.

Selon le GIEC[4], l’utilisation d’engrais azotés de synthèse a enregistré une augmentation phénoménale de 800 % depuis les années 1960, et la nouvelle étude confirme que la pollution climatique due à leur production et à leur utilisation est en passe de s’aggraver considérablement si des mesures ne sont pas prises pour inverser ces tendances (Graphique 1). L’utilisation mondiale d’engrais azotés de synthèse devrait augmenter de plus de 50 % d’ici 2050, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

 

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