Christelle Néant – Le 17 août 2022 – mondialisation.ca
Le 4 août 2022, Amnesty International publiait un rapport dénonçant les tactiques de l’armée ukrainienne qui mettent en danger les civils, c’est-à-dire en clair, les crimes de guerre ukrainiens (même si AI n’ose pas aller jusqu’à appeler un chat un chat). Dix jours plus tard, l’organisation rétropédale violemment et indique que des experts indépendants vont vérifier le dit rapport pour comprendre « ce qui s’est mal passé ». Si Amnesty International avait déjà une réputation chancelante cette histoire vient de l’envoyer ad patres. Retour sur ce désastre d’une ONG qui n’a rien de neutre ni d’indépendante.
Depuis le début du conflit dans le Donbass, il y a huit ans, Amnesty International s’est fait remarquer pour son incroyable silence concernant les crimes de guerre à répétition de l’armée ukrainienne contre les civils des Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk (RPD et RPL), ou les violations des droits de l’homme systématiques en Ukraine (par exemple la torture des gens arrêtés par le SBU, comme Larissa que nous avons récemment interviewée).
Les rares fois où Amnesty International en parle c’est systématiquement en tentant de renvoyer les deux parties dos à dos (pour paraître équilibré), sauf qu’en fait en lisant le texte en détail, on se rend compte qu’il n’y a pas équilibre entre les deux parties, et qu’AI reproche par exemple à la RPD et la RPL un vide juridique qui n’existe pas (n’en déplaise à cette organisation il y a des lois dans ces républiques, des médiatrices aux droits de l’homme, et contrairement à ce qui est allégué les prisonniers y sont bien traités, comme a pu en attester l’OSCE lors de ses visites) ! Alors que les preuves de l’usage systématique de la torture par le SBU et les bataillons néo-nazis ukrainiens sont légion ! Mais chut, il faut faire croire que l’ONG est neutre…
Alors quand le 4 août 2022, Amnesty International parle enfin ouvertement de ce que nous dénonçons depuis des mois, à savoir l’utilisation par les soldats ukrainiens d’écoles, d’appartements, d’hôpitaux, etc, à des fins militaires mettant ainsi en danger les civils, on s’est dit ça y est ils se décident enfin à faire un peu leur travail. Même s’ils n’osent pas dire ouvertement que ce que fait l’armée ukrainienne est de fait un crime de guerre, et qu’ils continuent de dire que même comme ça si des civils sont tués c’est de la faute de la Russie.
C’est « marrant » je n’ai pas souvenir d’avoir vu Amnesty International condamner aussi fermement les bombardements constants de l’armée ukrainienne pendant huit ans sur des zones purement civiles du Donbass, qui ont fait des milliers de victimes parmi les habitants, dont plus d’une centaine d’enfants, à des endroits où il n’y avait ni positions, ni pièces d’armement, ni soldats des milices populaires. Où étaient les condamnations à géométrie variable d’Amnesty International quand l’armée ukrainienne a bombardé le centre de Donetsk le 5 juillet 2022, à un endroit où il n’y a rien de militaire, tuant la petite Veronica, 10 ans, ou quand elle a bombardé la cérémonie funéraire du commandant Korsa en plein centre de Donetsk, tuant huit civils dont une enfant de 12 ans, Katia, qui voulait devenir ballerine ?
https://www.mondialisation.ca/amnesty-international-finit-de-se-discrediter-en-demandant-un-audit-de-son-rapport-sur-les-crimes-de-guerre-ukrainiens/5670585